mercredi 12 novembre 2008

L'Oncle Nip


La vie est faite de rencontre dit-on. Certaine pas terrible nous laisse de marbre d'autre reste gravée en nous. Alors ne boudons pas notre plaisir quand la rencontre est belle. Non pas qu'elle vous change un homme, juste qu'elle vous enrichisse, vous font grandir, vous bouleverse parfois. Connaissez-vous l'oncle Ho, ici tous le monde l'appelle ainsi; Ho Chi Minh bien sur, vénéré père du peuple et de la nation Vietnamienne. Mais la n'est pas mon sujet, et ce n'est pas de cet oncle la dont je veux vous causer, les manuels d'histoire ou d'autre l'on déjà fait beaucoup mieux que moi. Non mon sujet est tout autre; c'est de l'oncle Nip dont je veux vous entretenir.
Rencontre au hasard d'une errance matinale dans les rues de My Tho. Grand regard bienveillant, large sourire, on le voit déambuler dans les ruelles, et c'est une chance rare que de croiser sa route.
Du haut de son cyclo-pousse et de ses 68 printemps, il promène pour son plus grand bonheur et le leur, touristes et passants.
Pourtant son histoire elle, prête moins a sourire.
Haut fonctionnaire a la fin des années 70 a Saigon, il connaît la répression lors de la réunification de 1976. Règlement de compte, vengeance, il est expédié sans procès dans un "camp de rééducation". Les conditions de détention sont épouvantables. Il en ressort en 1978.
Il n'a plus rien, on lui tous pris, il a tous perdu. Cela tombe bien car le "matériel" ne l'intéresse plus.
Touche par la grâce de la torture en quelque sorte.
Il retrouve femme et enfants et s'installe a My Tho, une des villes les plus pauvre du delta du Mékong. De la, il rachète un vieux cyclo-pousse d'occasion et sa nouvelle histoire débute. Le peu d'argent qu'il lui reste, les petites économies qu'il amasse il les consacre a ses enfants. Ils grandissent et comme le "vieux" désire ce qu'il y a de mieux pour eux, les pousse a bien étudier puis les envois au quatre coin du monde, dans de grandes écoles. Reconnaissante sa fille devenu grande lui offre un beau motobyke tout neuf pour reposer ses vieilles jambes.
Mais lui n'en veut pas. Il préfère continuer a pédaler voir descendre et pousser si y il a trop de dénivelé. Non, lui tous ce a quoi il aspire maintenant, c'est cette vie simple, faites de rien, et continuer a pédaler a transporter les passants, faire le guide d'occasion pour touriste. Ne plus quitter son cyclo-pousse, jusqu'à ce que la mort les sépares.
Pour en finir avec ce cher oncle Nip, se rencontre n'a bien sûr rien d'un tournant, son histoire simple, dure et belle a la fois m'a ému tous simplement. Et puis il y a quelque chose d'autre; qui tien du cosmique et de l'étrange quand on approche de ce personnage. Il émane de lui comme une bienveillance naturelle, une aura qui vous entoure, vous rassure, vous apaise. La bonté émane de cet homme. Comme si son détachement naturel vis a vis des choses qui me compose qui nous compose: Bonheur matériel et consommation excessive, confort et facilitée toute occidentale; oui comme si sa seule présence faisais oublier tous cela beaucoup plus facilement.
Alors pour conclure cette bafouille je lui laisserai donc la main, sa main tremblante de septuagénaire avec laquelle il a grave ces quelques mots sur mon "moleskine", comme pour toujours mieux continuer et apprécier ce voyage:
"Think anything, and good luck", Nip




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Après quelques jours d'attente voilà un long récit de tes aventures insolites qui nous fait bien plaisir. Longue vie et bonne santé à l'oncle NIP. Ici Papa, maman, soeurette, tonton tata, tout le monde va bien. L'hiver s'installe alors que de votre côté vous prenez des coups de soleil.
Attention aux moustiques et cool pour la suite du séjour.

orÉel a dit…

les moustiques sa pique sa pique sa pique... content de voir que toute la famille va bien...je me porte a merveille beinsur, un nouveau message et de nouvelle photo a voir en cliquant sur le lien directement... bisous